Imaginez la scène : le manager s’adresse à un collaborateur sur un ton agacé, limite agressif en réunion devant toute l’équipe :

« Je te le dis devant l’équipe pour que tout le monde le comprenne : c’est toujours pareil avec toi : t’es vraiment pas fiable, tu aurais quand même pu le faire, je te préviens si tu recommences je te promets que cela se passera très mal et je sanctionnerai ce type d’erreur par un avertissement, c’était en plus une demande de la Direction, il faut donc le faire, dans cette boite tu sais que c’est important, ce n’est vraiment pas sympa de ta part, surtout vis-à-vis de tes collègues qui comptaient sur toi ! Je te demande à l’avenir de ne plus oublier»

On tient LE COMBO gagnant :

La phrase qui contient

les 10 plus grosses erreurs managériales :

Au delà la forme totalement inadaptée – « ton agacé, limite agressif » : la crédibilité du manager reposant entre autres sur sa capacité à se maitriser, (les choses les plus dures ont d’autant plus de poids formulées sur un ton calme et bienveillant) – analysons dans le détail :

N°1 : « devant l’équipe pour que tout le monde le comprenne » : c’est un des rares interdits du management : le recadrage en public, d’abord parce que c’est humiliant et ensuite parce que cela soude toute l’équipe autour du collaborateur martyrisé contre le manager.

N°2 : « c’est toujours pareil » : belle généralisation alors que les arguments du manager doivent être le plus factuels et précis possible.

N°3 : « t’es vraiment pas fiable » : magnifique jugement de valeur alors que les messages du manager devraient porter sur des faits et des comportements et non sur l’être.

N°4 : « tu aurais quand même pu le faire » : « quand même », la locution la plus « pourrie » de toute la langue française, quel que soit le ton c’est moyen :

  • Ici sur le ton du reproche c’est culpabilisant

  • Sur le ton de la victime : « j’aurai quand même pu lui dire … » : c’est de l’autoflagellation

  • Sur le ton du sauveur : « Donne, je vais quand même te le faire ton truc » : c’est condescendant 

N°5 : « je te préviens si tu recommences je te promets que cela se passera très mal » : jolie menace, un autre interdit du management.


N°6 : « je sanctionnerai ce type d’erreur par un avertissement » :
beau contresens : on sanctionne une faute et on débriefe une erreur ( cf le post : https://www.linkedin.com/pulse/article/pourquoi-sanctionner-une-erreur-na-aucun-sens-st%25C3%25A9phane-michel/edit  ), auquel s’ajoute une sanction visiblement disproportionnée au regard du fait en question.

N° 7 : « c’était une demande de la Direction il faut donc le faire » : un petit manque de solidarité hiérarchique exprimé qui décrédibilise le manager qui n’assume pas les exigences qui pèsent sur lui, ce qui laissera potentiellement la place plus tard à certains collaborateurs pour justifier « de ne pas faire ».

N°8 : « dans cette boite » : formule peu valorisante pour l’entreprise qui met au passage un coup de canif dans la fierté d’appartenance.

N° 9 : « ce n’est vraiment pas sympa de ta part, surtout vis-à-vis de tes collègues qui comptaient sur toi ! » : chantage affectif extrêmement culpabilisant.

N° 10 : «  Je te demande à l’avenir de ne plus oublier » : message mal codé où la consigne contient « l’erreur à éviter » ce qui risque d’avoir un effet contreproductif comme si je vous disais : « Ne pensez pas à la tour Eiffel »… trop tard ! (cf ce post : https://www.linkedin.com/pulse/article/comment-r%25C3%25A9ussir-%25C3%25A0-faire-%25C3%25A9chouer-quelquun-st%25C3%25A9phane-michel/edit)

Bref c’est pas toujours simple de manager… mais ça s’apprend 😉

C’est d’ailleurs pour cela que certains cabinets en ont fait un métier : www.solarmanagement.fr

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