C’est à cause de Stroke ! J’ai longtemps cru que c’était l’animal de compagnie d’un membre de la famille Pierrafeu mais en fait non : c’est la manière dont on a enseigné la valorisation depuis des années aux managers : « adresser des stroke positifs« …

Dit autrement : faire des compliments, féliciter : dire Bravo quoi !

Et c’est là où le bât blesse : le compliment aussi sincère soit-il ne tient pas compte de l’énergie que le collaborateur a investie dans l’action. Qu’il y ait passé 2 heures ou 2 jours, même tarif : « c’est du bon boulot ! ». Le risque ainsi est que ce compliment – pourtant bien intentionné, mais l’enfer n’est-il pas pavé de bonnes intentions ? – soit pris pour démagogique par un collaborateur qui se dit : « Pfff, c’est facile mais il ne se rend pas compte du boulot qu’il y a derrière ! ».

Pour comprendre ce que les collaborateurs attendent : observons ce qu’il se passe lorsqu’une équipe partage autour d’un repas après une activité de cohésion : chacun y va de son anecdote sur la difficulté qu’il a surmontée. Et bien voilà : vous le tenez le secret d’une valorisation réussie !

«On ne valorise pas quelqu’un » mais  « on crée les conditions qu’il puisse ressentir de la fierté en racontant son succès »…. et surtout les difficultés qu’il a surmontées.

Et oui nous sommes ainsi construit en France : « A vaincre sans péril on triomphe sans gloire! », la valeur de l’exploit est directement proportionnelle au niveau de difficulté… peut-être pour mériter un quelconque paradis ?

Alors si vous voulez valoriser un succès posez plutôt une question de type : « racontez-moi comment ça s’est passé ? » et laissez le raconter (cf relance silencieuse dans un précédent post), le compliment n’est alors qu’une manière de conclure l’entretien en accusant réception de l’énergie investie :  » j’entends que ce n’était pas facile parce que …, c’est un bon travail de recherche qui va nous être utile« .

D’autant que si votre collaborateur ne vous raconte pas son succès, il va le raconter à son conjoint qui est un fabuleux amplificateur négatif : « T’as encore réussi ça ! et ils ne te paie que ça ! c’est vraiment injuste… » et là on passe de la fierté à la frustration en une phrase !

Et c’est là le hiatus : les managers font de plus en plus de compliments (pensant valoriser) et les collaborateurs se plaignent dans tous les « Great place to work » de France et de Navarre du manque de reconnaissance car préféreraient davantage être écoutés pour que leur manager « se rende compte » de leur investissement !

Ah les ingrats… et si il n’y avait pas de gens ingrats mais uniquement des gens que je paie d’une monnaie que je surévalue 😉

Que cela ne vous empêche pas de dire « j’aime » à ce post sans m’avoir fait raconter les difficultés que j’ai eu à l’écrire !

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