Fils de céramiste (d’où la photo 😉 j’ai grandi dans l’amour du geste précis, celui qui fait que tout ne vacille pas (essayez un jour de tourner un pot et vous comprendrez cette phrase…).

Un de mes amis aujourd’hui cadre de Direction chez Mc Donald’s a démarré comme tout collaborateur par un stage en restaurant. Une jeune fille lui apprend à faire un Sundae et notamment LE geste vertical et sec à la fin du remplissage qui permet à la pointe de glace de rester fièrement dressée, elle ajoute : « tu ne peux prétendre à rien chez Mc Do tant que tu ne sais pas faire ça ! »

Magnifique ! Magnifique de fierté, d’humilité et de précision. Dans chaque métier – et en 25 ans de conseil j’en ai croisé des dizaines – il y a des gestes, élégants, beaux, précis, efficaces.

La réussite n’est jamais un hasard, il n’y a pas de micro climat au-dessus de tel serveur, vendeur ou professeur qui favorise les pourboires, les ventes ou l’intérêt des élèves.

Il y a des gestes précis, affinés avec le temps que l’entreprise oublie parfois de célébrer tant le piège de l’évidence conduit à penser que « tout le monde le sait et donc le fait ».

Même dans ces métiers considérés comme « pénibles, ingrats, dévalorisants », j’ai toujours rencontré des collaborateurs passionnés. C’est d’ailleurs ce qui génère cet étonnement naïf – qui a le don de m’agacer – dans l’émission « Patron incognito » sur M6. Ceux-ci reviennent toujours de leur expérience sur le terrain ébahis d’avoir trouvé des collaborateurs qui « aiment leur travail, passionnés, soucieux de bien faire »… sans blague ?!

Le manager passionné – donc passionnant – le sait : il détecte ces beaux gestes, les célèbre, et favorise leur partage entre collaborateurs.

Ainsi, pour motiver des collaborateurs il faut avant tout profondément aimer ce qu’ils font – ce qui n’implique pas automatiquement de savoir le faire mais l’aimer, s’y intéresser, j’ose : s’y passionner !

Comme le disait Aimé Jacquet en 1998 à ses attaquants : « J’ai un respect total pour les attaquants parce que j’étais incapable d’être un attaquant, j’étais incapable de faire le geste qu’il fallait ».

Mais quand cet expert-comptable me dit en formation : « T’es gentil, motivation, moi je veux bien, mais mes collaborateurs ils tartinent du papelard toute l’année, comment je les motive ? » Ben en fait tu ne peux pas, tu ne peux pas parce que tu n’aimes pas ce qu’ils font, pire tu ne le respecte même pas.

Et quand on ne connait pas le métier ce n’est pas grave, il faut juste de l’humilité et de la curiosité : celle d’essayer de comprendre : « mais comment fais tu cela ?« , comment fais tu – vendeuses de parfum – pour faire des paquets cadeau parfaits au ruban sans scotch parce que c’est la règle dans ce métier ?

Comment fais-tu ouvrier des ponts et chaussés pour manier ton finisseur de telle manière à ce que l’on ne sente pas en roulant la jonction entre 2 camions de bitumes, ce que l’on appelle le « Flash du finisseur » ?

Dès que l’on s’intéresse on détecte ces gestes sublimes, précis qui font la différence entre la réalisation et le chef d’œuvre.

 

Pour illustrer, voici une étonnante vidéo de l’épreuve pratique que doivent passer les aspirants-chirurgiens l’hôpital de Kurashiki dans la préfecture d’Okayama. Faire un sushi à partir d’un grain de riz, réaliser un minuscule origami et assembler un insecte : tel est le test qu’ils doivent réaliser, le tout en moins de 15 minutes !

Dans la célébration du geste parfait c’est collector !




Très belle semaine !

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