25 ans que je fais du conseil et de la formation en Management, 23 ans que j’entends parler de lui : Abraham Maslow.
Je rassure ses fans : je ne lui veux aucun mal ! (je sais que cet article va déclencher des volées de bois vert : je m’attaque à une icône !)
Selon Maslow l’être humain aurait des besoins hiérarchisés (il a besoin de satisfaire le précédent pour avoir accès au suivant) ainsi :
- Besoins physiologiques (boire, manger, dormir…)
- Besoin de sécurité
- Besoin d’appartenance
- Besoin d’Estime
- Besoin d’accomplissement de soi
L’approche me gêne pour 2 raisons.
La première c’est qu’avec le temps on a oublié un point important de la théorie de Maslow : lorsqu’un groupe de besoins est satisfait un autre va progressivement prendre la place.
Pour simplifier : à partir du moment où les collaborateurs sont salariés et ont un logement, le BESOIN PRINCIPAL et PRIMORDIAL devient l’APPARTENANCE qui se traduit par la reconnaissance et l’affection des autres.
Or ce n’est pas tout à fait la lecture qu’en ont fait bon nombre de managers que je croise et qui ont plutôt retenu : « si on paie les gens, les premiers niveaux de la pyramide sont satisfaits, c’est déjà pas mal, on s’occupera de la reconnaissance plus tard ! ». Du coup l’intérêt porté aux collaborateurs leur semble plus « accessoire que prioritaire », la reconnaissance passe alors pour un besoin secondaire…
Et c’est bien la deuxième chose qui me gêne : placer les besoins physiologiques comme vitaux bien avant la reconnaissance, avant les besoins psychologiques : en gros il faut manger pour vivre… c’est pas faux, sauf que pour « avoir faim », pour avoir « l’envie de s’alimenter pour vivre » il faut une énergie que l’être humain puise dans le regard des autres.
Frédéric II de Hohenstaufen (Saint-Empire romain germanique) qui voulait savoir s’il y avait une langue naturelle innée a isolé 6 bébés pour les élever sans la moindre communication et interaction humaine … les 6 moururent à cause de cet isolement inhumain alors que leurs besoins physiologiques étaient parfaitement remplis.
A l’évidence la reconnaissance, le lien n’est pas un besoin de 3ème catégorie pour l’être humain que Rousseau qualifiait « d’animal social » mais un besoin totalement primaire auquel succèdent ensuite les besoins physiologiques : dans l’indifférence un être humain va finir par se laisser mourir.
Mes clients en coaching ou formation me le confient souvent à voix basse comme un besoin très spécifique avec une volonté de discrétion qui m’a toujours surpris, un peu comme une « maladie honteuse » : « Vous savez, moi j’ai quand même besoin de reconnaissance… »
« Sans blague ?! vous êtes humain en fait ! » 😉