Le problème de l’autorité et donc, en conséquence, de la « juste » sanction des hors-jeux préoccupent bon nombre de managers que je croise en formation ou en coaching.

Au niveau du processus cela semble simple :

  1. On fixe une règle précise (sur laquelle on est certain d’être soi-même exemplaire…)
  2. On la communique clairement à l’équipe en y donnant du sens
  3. On suit un processus classique de sanction progressive : d’abord 1 voire 2 rappels oraux, puis un entretien plus formel appuyé par une mise en garde écrite et si les dérives persistent : on passe aux sanctions administratives disciplinaires (de l’avertissement au licenciement).

Jusque-là rien de très original… à ceci près que ce n’est en fait pas si simple pour de nombreuses raisons dont une que nous enseigne Malone dans « Les incorruptibles ».

Quand ce vieux flic de rue – qui connait Chicago comme sa poche – rencontre Eliott Ness qui s’est mis en tête d’arrêter Al Capone,  il l’emmène dans une église à l’abri des oreilles indiscrètes pour lui tenir en substance le discours suivant :

« Monsieur Ness, tout le monde sait ce que fait Capone à Chicago, mais si vous entamez les hostilités contre lui vous devez vous poser une seule question : « Jusqu’où êtes-vous prêt à aller ? » car si vous envoyez un de ses hommes à l’hôpital, il enverra un des vôtres à la morgue, donc jusqu’où êtes-vous prêt à aller Monsieur Ness ? »

Il manque en fait une étape clé dans le processus rappelé ci-dessus, une étape 0 qui consiste comme le suggère Malone à se demander si l’on sera capable sur la règle promulguée de « tenir » : d’aller jusqu’à la sanction administrative, sans quoi le combat est perdu d’avance.

Un peu comme lorsque l’on dit à un enfant : « Je te préviens tu ne sortiras pas de table tant que tu n’auras pas fini ton assiette ! » alors que sa patience devant une assiette de légumes froids est de 2h34 et la nôtre de 17 minutes !

C’est lui qui est en l’occurrence prêt à aller « jusqu’au bout » !

L’annonce de la règle ne change pas le comportement  c’est la possibilité de la sanction. Tous les professeurs nous ont en effet demandé d’arriver à l’heure en début d’année, les seuls (avec les mêmes élèves d’une heure à l’autre) qui se faisaient respecter étaient ceux qui avaient refusé des camarades après leur tentative de pousser la porte de la classe avec seulement 2 minutes de retard.

Comme il est dit dans le dialogue des carmélites :

« Ce n’est pas la règle qui nous garde, c’est nous qui gardons la règle ».

Celle-ci ne se suffit pas à elle-même : il faut en plus le courage managérial de la faire vivre au risque d’être ponctuellement impopulaire… et voici probablement un autre frein au passage à la sanction : la peur de ne plus être aimé…

Parfois manager ce n’est pas facile ! 😉

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