« Un message managerial – pour être audible – doit porter sur le comportement et non sur l’être. »

C’est désormais de plus en plus acquis : ce n’est pas la personne qui est en cause mais son comportement car le jugement de valeur de l’être est « inentendable » : il va générer de la rancœur et non de la remise en question.

D’autant que c’est précisément cela que l’on attend de l’autre : qu’il remette son action, son comportement en question et non qu’il se remette « en cause ».

Se remettre en cause en tant « qu’être » c’est toxique, c’est un coup à se mettre « la rate au court bouillon », ce que l’on doit analyser, traiter, corriger ce sont : nos manières de faire pas ce que nous sommes.

Cependant, bien qu’étant convaincu de tout cela, il m’arrivait jadis (« jadis » en parlant de soi ça fiche un coup de vieux 😉 de dire à ma fille : « Tu es vilaine » et de m’entendre rapidement dire par sa maman : « Je croyais qu’en management on distingue l’individu du comportement ? Monsieur le consultant ! »

Et oui : on a beau  « savoir »,  on est parfois rattrapé par ses affects et ce que l’on a soi-même reçu enfant…Par la suite j’ai continué à le dire quelquefois… mais avec une énorme différence : je m’entendais le dire !
Progresser en management ce n’est pas passer de « je m’exprime mal » à « je m’exprime bien » : ça c’est du vaudou !C’est  :

  1. Sentir une émotion négative monter, sentir venir le message « mal codé » que celle-ci déclenche,
  2. Le détourner vers la partie « codage positif » que l’on a tous dans notre cerveau (qui se sculpte via divers exercices en formation)
  3. Et le transformer en message, non pas « gentil » mais : « entendable ».

En fait, passer de :

  • « T’es vilaine » à « Je ne veux plus que tu fasses ça »
Passer de:
  • « C’est toujours pareil avec vous, vous n’êtes pas fiable ! » à « Je n’accepte pas ce comportement qui consiste à me prévenir au dernier moment »
Cela demande une petite gymnastique dont une des clés est tout simplement de s’astreindre à prononcer le mot « comportement », à rester centrer sur un fait en évitant toute généralisation injuste et polémique.
Encore une fois : on a évidemment le droit de ressentir toutes sortes d’émotions – mêmes les plus négatives à l’égard de quelqu’un – la question reste :« Comment dire les choses – même les plus dures – de manière entendable ? »
J’ai surpris une dame l’autre jour se pencher vers un bébé de quelques mois dans une poussette pour lui dire bonjour, celui-ci ne lui répondant pas elle lui lança avec sa voix la plus douce et câline et un immense sourire (ce qui rendait la phrase encore plus terrifiante) : « Tu ne me dis pas « Bonjour », et bien je ne t’aime plus alors ! »… oui je sais il y a encore du boulot !
Pour ma fille, rassurez-vous elle va bien… elle en sera peut-être quitte pour quelques séances un jour sur un divan mais il faut bien que les psys vivent !
Share this entry