Qu’est ce qui fait que je suis « fort en ceci », « doué pour cela » ?

  • Mon caractère : ai-je la bosse des maths ?

  • Mon caryotype : ai-je le le gène du bricolage ?

  • Mon ADN contient-il la passion du tennis ?

C’est peut-être plus simple que cela : regardons le point de départ des plus grandes passions, fouillons les premiers instants de ceux qui performent :

examinons « les scènes fondatrices ».

Ces petits moments de grâce où l’enfant pour la première fois essaie « quelque chose » et reçoit une reconnaissance mille fois supérieure à son investissement. Ce shoot brutal de la plus forte addiction du cerveau – l’amour –  ancre « un intérêt pour », « une motivation à ».

https://youtu.be/pecha-7QOVo

Dans « Vice et Versa » de Pixar (je vous laisse déguster le court extrait ci-dessus) cela s’appelle les « core memories », les « souvenirs noyaux », ces moments magiques où l’enfant comprend que l’un des moyens d’être applaudi, voire aimé c’est de : « marquer des buts », « ranger sa chambre » ou « lancer une blague à la cantonade » qui fera rire tout le monde (et surtout ses parents) comme « Le petit Nicolas » qui découvre ainsi ce qu’il veut faire plus tard : « Plus tard ce que je veux faire c’est faire rire les gens »

C’est pour cela que vous marchez : parce que vos premiers pas « techniquement médiocres »  – ni voyez pas d’offense – ont été « sur applaudis ».

Creusez les biographies, les exemples sont légions :

  • Kilian Jornet qui gravi en courant l’équivalent de « 50 Everest par an » a commencé par épater sa mère par une marche de 8h en montagne à 18 mois sans paraitre fatigué.
  • Verdi s’est vu offrir une épinette par son père lorsqu’il était enfant de cœur parce qu’après avoir oublié de servir le prêtre – tout absorbé qu’il était par les orgues de l’église – celui-ci aurait dit à ses parents : « Si cet enfant est à ce point absorbé par la musique qu’il en oublie son office, c’est que dieu l’appelle à la musique ».
  • La grand-mère de Lionel Messi a forcé la main à un entraineur pour le faire jouer à 4 ans dans un match avec des plus grands que lui dans lequel il a marqué les buts de la victoire.
  • Le père d’Alain Prost a trafiqué sa carte d’identité pour l’inscrire à sa première compétition de Kart.
  • Et Jacques un de mes participants en formation me confiait : « Je fais du rugby mais personne ne m’a jamais valorisé sur le rugby…. » Et après quelques secondes de réflexion : « Bon c’est sur, quand j’avais 4 ans mon grand-père m’a offert une paire de crampons en cuir !» me lance t’il avec 6000 watts qui illumine son regard en évoquant ce souvenir enfoui, « Oh tu fais ch…. ! » conclut-il 😉

Le cadeau « d’adulte fait à l’enfant » comme les premiers livres reliés cuirs alors que l’on sait à peine lire, ou des « outils de bricolage de grands » peuvent également générer ce sentiment de : « j’ai suffisamment de valeur pour mériter ça, donc je suis « fait » pour ça ! ».

Ces cadeaux représentent ainsi une belle exigence bienveillante comme la raquette qu’Arthur Ashe offre à Yannick Noah alors qu’il n’a que 11 ans.

Les souvenirs de ces instants de pur bonheur sont parfois enfouis : Jacques ne sait plus pourquoi il aime le Rugby, alors comme on a oublié « On ne sait plus pourquoi on aime ça … c’est ainsi… ça doit être inné… »


Dommage car la recette est intéressante : si je veux ancrer le plaisir à faire et donc potentiellement à refaire je dois « sur-applaudir » le prime essai : apporter une dose de reconnaissance largement supérieure à l’énergie investie.

Exemple :

Mon collaborateur fait sa première présentation en public… c’est une bonne occasion d’associer l’évènement à une dose de reconnaissance, non pas en le couvrant de compliments mais en l’écoutant de manière attentive me raconter ce qu’il a ressenti et à quel point il est fier d’avoir dépassé ses doutes.

Et le don alors me direz-vous ?

Un don c’est une graine, si on la pose au sol rien ne pousse : « Un don sans travail n’est qu’une sale manie » disait Georges Brassens. Pour qu’elle pousse il faut l’eau et l’engrais que constituent la valorisation et l’applaudissent des tiers et au premier chef des parents.

Peut-être que la génétique donne un coup de pousse à tout cela, mais sur les 5 % de gens qui ont l’oreille absolue, 95 % ne le savent même pas !


Tiger Woods a – parait-il – une « rotation hanche / épaule » physiologiquement hors du commun, c’est surement inné… certes mais son père avait également décidé d’en faire un golfeur « qui réconcilierait les nations » et ouvrirait les portes du golf à des « non blancs », équipé des différents sangs qui coulent dans ses veines (il se définit comme : « Un quart Black, un quart Thaï, un quart Chinois, un huitième Blanc et un huitième Amérindien »). Il a alors réussi à faire que son fils « putte» à 4 ans contre le comédien Bob Hope en 1978 dans un show télévisé…  Je vous laisse découvrir la suite …

Et quand bien même, quand bien même tout ceci ne serait qu’une fable il est beaucoup plus positif de croire que le talent est la conséquence d’un « sur applaudissement » suivi d’un accompagnement bienveillant plutôt que de penser que mes talents sont définitivement inscrits dans mon caryotype parce que là je suis définitivement programmé et c’est irréversible.

Et cette idée m’est insupportable je préfère continuer à aider l’individu à trouver SON talent, progresser, se dépasser, allez, j’y retourne !

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