Le pitch (pour ceux qui auraient raté et la version avec Clark Gable et celle avec Marlon Brando et celle avec Mel Gibson) 😉 :
Un bateau anglais commandé par le Commandant Bligh et son second (et meilleur ami) Fletcher prend la mer pour la Polynésie afin de rapporter des plants d’arbres à pain. L’aller se passe bien malgré les comportements autoritaristes du commandant. Ils restent 2 années à Tahiti, pendant lesquelles les marins sont livrés à eux-mêmes et profitent de tous les plaisirs que l’île peut offrir… sauf Bligh totalement engoncé dans son éducation anglaise et rigoriste qui jalouse la relation qu’a nouée son second avec une jolie autochtone.
Au retour direction l’Angleterre cela se passe moins bien : Bligh persécute l’équipage en multipliant les corvées dénuées de sens et en humiliant son second devant les marins. Ces derniers vont lui demander de prendre la tête d’une mutinerie qui va se solder par un retour sur l’île après avoir abandonné Bligh et quelques fidèles dans une chaloupe à la dérive. Fletcher lui lancera au dernier moment une indispensable boussole…
L’histoire est vraie : les descendants des mutins prospèrent en Polynésie, Bligh s’en sortira, rejoindra l’Angleterre et sera blanchi après un procès en règle pour perte d’un vaisseau de la Royale.
Managérialement on peut en tirer 2 leçons (les mêmes que dans 2 films similaires : « Ouragan sur le Caine » et « USS Alabama ») :
Leçon N°1 :
La mutinerie ne se joue pas « au retour » mais sur l’île : elle n’est pas la conséquence des comportements agressifs de Bligh (il a quasiment les mêmes à l’aller), c’est l’alternance des styles managériaux : du laxisme vers l’autoritarisme qui la déclenche.
Exactement comme quand Raymond Domenech ne fait pas vivre un minimum de règles de vie lors de la Coupe du Monde en Afrique du Sud et que la fédération décide d’expulser subitement Nicolas Anelka suite à ses propos insultants dans le vestiaire : les joueurs ne supportent pas l’alternance de style et refusent de s’entraîner en restant dans le bus.
Une brutale alternance de style de management génère toujours la même conséquence : du laxisme vers l’autoritarisme : la mutinerie… et l’inverse : la révolution.
Louis XVI, homme adorable davantage préoccupé par la chasse, les serrures et les horloges fera les frais des fastes de Louis XIV et des guerres de Louis XV qui ont ruiné la France, sa tranquillité et son inaction autorisent le soulèvement.
On ne peut donc pas faire évoluer son management quand on s’est « coincé » dans un style un peu « laxiste » ou à l’inverse « un peu rugueux » ?
Bien sûr que si ! Mais il faudra s’y prendre par paliers en expliquant – pour donner sens – ce que l’on fait, ensuite chaque cas à son process spécifique : c’est le rôle du coaching de l’identifier avec le manager concerné pour trouver SON chemin vers un juste équilibre entre exigence et bienveillance.
Reste un fait troublant : « pourquoi les marins vont-ils demander à un officier – ami du commandant de surcroit – de prendre la tête de la mutinerie ? » c’est se jeter dans la gueule du loup !
En fait ils ne prennent aucun risque : ils ont été témoins de la rupture dans la chaîne hiérarchique entre le commandant et son second.
Leçon N°2 :
Dès qu’il y a une rupture dans une chaîne hiérarchique les collaborateurs en profitent pour « désobéir » : aller à leur principal intérêt (comme Stanley Milgram l’a prouvé avec ses expériences mises en scène dans un autre chef d’œuvre du cinéma : « I comme Icare »).
Comme un enfant qui vous le dit en une phrase : « Vous n’êtes pas d’accord donc je peux y aller à la soirée ! ». D’où le fait d’éviter de se contredire devant lui : merci Super Nanny pour le tuyau 😉